LE POUILLOT VELOCE

Phylloscopus collybita…
Ca vous dit quelque chose ?
Pourtant, ce passereau vous accompagne à chacune de vos promenades dominicales, dans le petit bois qui jouxte votre jardin.
Phylloscopus collybita… c'est pas très parlant, n'est ce pas ? Pouillot véloce, c'est mieux ? Apparemment : ça va tout de suite mieux quand on laisse le latin de côté. Mais ça serait encore mieux de pouvoir mettre un portrait sur ce nom.

Un portrait ? Pas tout de suite. Ecoutons d'abord l'incroyable fouillis de chants qui égaie le sous-bois, en ce mois d'avril. Il y en a dans tous les sens, mais très vite l'un d'entre eux se détache. Un petit chant pourtant tout simple : deux notes rythmées, l'une descendante, l'autre montante. Un " chiff-chaff ", répété une quinzaine de fois d'affilée. Brève pause, puis ça recommence. Chiff-chaff-chiff-chaff… Chiffchaff, c'est aussi le nom anglais de notre Pouillot véloce: un nom et un chant qui résonnent, mécaniquement, comme des pièces de monnaie qui tombent sur une table : certains appellent notre oiseau " compteur d'écus "… Voilà, maintenant vous n'entendez plus que ce chiff-chaff qui résonne partout dans le bois.
Et c'est vraiment agaçant de ne pas voir l'oiseau qui égrène si inlassablement ses deux notes : à quoi ressemble-t-il ? Ben… à pas grand-chose, en fait.



Le Pouillot véloce, c'est un tout petit oiseau, d'à peine 12 centimètres, brun-vert, qu'il est totalement impossible de suivre aux jumelles tant il est mobile. Sautant de branche en branche autour de vous, il semble vous narguer, tout en continuant de compter ses écus. Enfin, vos jumelles se posent sur lui. Vous ne le quittez plus des yeux : il est en bonne lumière, profitons-en.
Finalement, il n'est pas si ridicule, cet oiseau. Une silhouette élancée, avec un petit bec pointu typique des insectivores, et une queue assez courte. Au dessus de l'œil, un très léger sourcil jaune pâle tranche sur une tête assez foncée, brun-vert. Des ailes uniformément brunes , parfois un peu verdâtres, foncées, de la même couleur que la tête. Heureusement que la poitrine pâle, chamois sur les flancs, est là pour égayer ce minuscule oiseau en treillis de camouflage !

Impossible d'en voir plus : l'oiseau s'est envolé. Il traque de petites mouches, profitant des derniers moments de répit relatif qui lui restent : bientôt, Madame s'installera dans son petit nid sphérique, quelque part dans un roncier, et commencera à couver… Et comme d'habitude, les petits, nidicoles, feront un tel cinéma que notre Pouillot se sentira obligé de les nourrir jusqu'au mois de juillet… Dernier délai. Il faudra ensuite se débrouiller seuls, chercher sa nourriture ici et là, s'entraîner à chanter à l'automne (il faudra être séducteur l'an prochain !), puis descendre un peu vers le Sud pour échapper au froid qui tue mouches et moustiques. Les jeunes Pouillots n'auront cependant pas vraiment à préparer une migration : seuls les plus nordiques doivent descendre plusieurs milliers de kilomètres, comme le font leurs cousins les Pouillots fitis et siffleur. Les autres véloces se contenteront d'errer au gré des repas, descendant un peu vers le Sud, remontant au premier redoux, redescendant… Jusqu'à ce que le printemps rappelle qu'il est temps de recommencer à réciter le Chiff-chaff, que, cette fois, vous attendrez avec impatience comme le premier signe d'une nouvelle année de promenades et d'observations…





Fiche signalétique

© Dessin réalisé par Jean-Yves Barnagaud


Pouillot véloce
Emberiza schoeniclus (Linné)
Polytypique :
on connaît un certain nombre d'espèce. En France, on rencontre généralement Phylloscopus collybita collybita, et, dans le Sud, Ph. c. brehmii






  • Famille :

    - Sylviidés

  • Dimensions :
  • - Longueur : 11 cm

    - Envergure : 18 cm

  • Poids :
  • - de 5 à 10 grammes

    DETERMINATION
  • Critères propres aux Sylviidés du genre Phylloscopus :


    • Oiseaux des milieux forestiers ou des buissons, de petite taille, élancés.
    • Leur bec est fin et relativement court, le plumage vert-olive ou brun.
    • La confusion est possible tant les espèces de Pouillot sont proches : le critère le plus fiable reste le chant




  • Critères de reconnaissance du Pouillot véloce :

    • Plumage :
      • dessus brun, parfois verdâtre (selon l'usure du plumage et les variations individuelles).
      • Sourcil jaune, fin et plus ou moins flou.
      • Dessous blanc sale, avec flancs largement marqués de brun.
      • Pattes sombres. Le Pouillot fitis quant à lui a les pattes de couleur claires

    • Nid :
      • Dans un arbuste, ou un petit arbre.
      • Nid couvert, en sphère, avec une étroite ouverture sur le côté.

    • Ponte :
      • En moyenne 5 à 6 œufs.
      • C'est la femelle qui assure la couvaison puis le nourrissage.
      • Départ des jeunes deux semaines après l'éclosion, soit environ un mois après la ponte.

    • Régime alimentaire :
      • Principalement insectivore. Le Pouillot véloce peut cependant s'alimenter de baies si les conditions climatiques sont mauvaises.




    • Chant :
      • à partir de mars, chant monotone bisyllabique (tchip-tchap), typique.
      • Cri : petit sifflement (pui) montant, plus ou moins interrogateur (pouvant alors rappeler le Pouillot fitis).

    • Migration :
      • La plupart des Pouillots sont migrateurs, les plus lointains atteignant l'Afrique centrale.
      • Cependant, on rencontre parfois des Pouillots véloces erratiques en France, en plein janvier.
      • Dans le Midi, les oiseaux sont plus sédentaires.

Bibliographie

• Géroudet P. et Cuisin M., Les passereaux d'Europe T2, Delachaux et Niestlé
Jean-Yves Barnagaud