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LE MARTINET NOIR
On est déjà en mai. Le ciel est parfaitement bleu au dessus de la ville, il fait presque chaud. Le printemps, quoi.
" Tiens… Vous avez vu la grande Hirondelle qui vole au dessus de nous ? ". Alors là, Tonton Robert, tu as tout faux, pour une fois… Hirondelle ? Cette espèce de grande faucille noire, à longue queue, qui rase les murs à une vitesse impressionnante, en poussant des cris stridents ? Martinet, plutôt. Martinet noir, même
Le Martinet noir, c'est un des derniers migrateurs à revenir en France, après les longs mois d'hiver passés dans lointaine Afrique et un voyage de plusieurs milliers de kilomètres. Un oiseau étrange et impressionnant à la fois pour qui le remarque dans le ciel printanier… C'est un as de l'acrobatie aérienne : il faut dire qu'il est taillé pour. Difficile d'imaginer plus aérodynamique que le Martinet, avec ses longues ailes fines et recourbées à géométrie variable, et son corps fusiforme terminé par une queue échancrée. Il maîtrise parfaitement le milieu aérien, et c'est heureux : cet oiseau ne se pose que pour pondre et couver. De toute façon, ses pattes sont bien trop réduites pour servir à autre chose qu'à un décollage d'urgence, pour le cas où il tomberait à terre après avoir heurté un obstacle.
Bref, la vie de cet oiseau se joue principalement dans les airs, y compris la nuit : le soir, les bandes de Martinets prennent de l'altitude, et s'élèvent de plusieurs milliers de mètres pour se reposer ; personne ne sait s'ils dorment vraiment…
Difficile tout de même de se reproduire en vol : le Martinet est forcé de se poser pour pondre. Bien entendu, le nid est à l'image de l'oiseau, perché le plus haut possible sur les façades de vieilles maisons de pierres, les donjons en ruines, ou tout ce qui ressemble de près ou de loin à une falaise… Le nid, c'est sacré : les couples de Martinets, très casaniers, reviennent à la même fissure d'une année sur l'autre. Jusqu'à ce qu'elle disparaissent. Car ces foutus humains ont la mauvaise habitude de boucher les fentes, de cimenter les trous, bref, de tout faire pour empêcher les Martinets de nicher
C'est ainsi qu'à chaque ravalement de façade, plusieurs couples de Martinets disparaissent. Les nichoirs artificiels ? Personne n'y pense. Laisser une ou deux fissures ? Vous n'y pensez pas, tout de même. Plutôt dire adieu au spectacle aérien auquel se livrent, chaque soir, les troupes de Martinets qui se poursuivent entre les toits en sifflant. Dommage, ça mettait de l'ambiance dans ce ciel à peine troublé par quelques Airbus.
Fiche signalétique
Martinet noir
Apus apus (Linné)
Polytypique.
- Ordre :
- Apodidés
- Dimensions :
- Longueur : 16 à 17 cm
- Envergure : 42 à 48 cm
- Poids :
- 40 grammes
DETERMINATION
- Critères propres aux Martinets :
- Ces oiseaux non-passereaux, sont parfaitement adaptés au milieu aérien.
Leurs longues ailes effilées en forme de faux, et un corps fusiforme en font incontestablement les maîtres du ciel. Leur vitesse de vol peut atteindre jusqu'à 200 km/h.
- En revanche, les pattes réduites, presque inutiles ne leur laissent que la possibilité, grâce à des griffes puissantes, de s'agripper verticalement pour se reposer ou accéder au nid.
- Leur plumage est sombre, voire complètement noir.
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- Critères de reconnaissance du Martinet noir :
- Plumage :
- Le Martinet noir est un Martinet de taille moyenne, à la queue finement échancrée.
- Son plumage est uniformément brun noir, à l'exception d'une tache claire à la gorge, presque invisible sauf si l'oiseau est en bonne lumière.
- Nid :
- Fissure, généralement dans un vieux bâtiment (maison ancienne, ruines), toujours à bonne hauteur (au moins 10 mètres).
- Elle est tapissée de brindilles enduites de salive qui donne au nid un aspect rigide.
- Ponte :
- Deux ou trois œufs en moyenne, couvés environ 20 jours, à partir de la mi-mai.
s'avérant particulièrement long.
- Les jeunes restent au nid pendant une quarantaine de jours, le développement de leur plumage
- Dès qu'ils quittent le nid, lis sont autonomes.
- Régime alimentaire :
- Voix :
- Sifflement strident et prolongé "srrrriii", facilement audible le soir lorsque des groupes de Martinets se poursuivent au dessus des toits des maisons.
- Migration :
- Migrateur.
- Le Martinet noir migre jusqu'en Afrique centrale
- il ne revient en Europe qu'à partir d'avril.
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Bibliographie
Géroudet P. et Cuisin M., Les passereaux d'Europe T1, Delachaux et Niestlé
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Jean-Yves Barnagaud
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