Catégorie Les Passereaux.
Publié le 14 août 2005 par Snowbunting.
Mise à jour le dimanche 14 août 2005
Fin avril. La roselière qui, cet hiver, semblait bien morne et figée, s’est transformée en un incroyable son et lumières permanent. La lumière, c’est celle du soleil, qui émerge tout juste et se reflète sur chaque roseau, en un jaune-orangé éclatant. Le son, ce sont les Rousserolles, les Bruants, les Fauvettes qui s’en chargent. Et dans ce fouillis d’accordéons, de sifflets, de guimbardes en tous genres, une petite flûte s’élève, discrètement, du fin fond des roseaux. Un chant extraordinairement varié, une compilation d’imitations qui n’a rien à envier à l’Etourneau sansonnet. Sauf que l’interprète n’a rien d’un Sturnidé, bien au contraire. Le voilà qui émerge, volette, se pose sur la branche la plus basse d’un saule. On dirait un Rougegorge : dos brun, bec effilé de Turdidé... Mais plastron bleu, coupé d’une large tache blanche... plumage éclatant qui n’empêche pas la Gorgebleue de disparaître bientôt à travers la jungle de massettes, ne laissant derrière elle que son chant, qui résonne inlassablement du lever au coucher du soleil.
Evidemment, le concert n’est pas gratuit. La Gorgebleue n’a pas de temps à perdre, et, à peine un mois après son arrivée, la femelle commence déjà à couver, dans une coupelle de brindilles et de mousses, posée à terre, à l’ombre d’un saule ou d’un talus. Le chant s’efface peu à peu, pour disparaître mi-avril, quelques jours après la ponte : bientôt, les jeunes seront là et auront besoin de discrétion... mais aussi de nourriture. Et l’on ne peut pas élever des jeunes et vocaliser en même temps : notre flûte se transforme donc en un véritable insecticide, qui fauche à longueur de journée mouches, punaises et grillons... pendant deux semaines, jusqu’à ce que la nichée s’envole. Nous sommes désormais en juin, et le couple de Gorgebleue devrait penser à se reposer un peu : mais non, monsieur reprend ses vocalises, ses curieux vols nuptiaux au dessus de la roselière, et une nouvelle nichée commence.
Les jeunes sont désormais tous partis. On est déjà en mi-juillet, il faut faire le plein d’insectes, car un nouvel effort attend les Gorgebleues, dont le plastron éclatant a d’ailleurs disparu : il faut arriver en Afrique avant que tous les insectes n’aient disparu avec les premiers grands froids. Alors, autant s’y prendre assez tôt : un piaf de 14 centimètres ne voyage pas à la vitesse d’un Boeing !
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